Le premier week-end de décembre fut l’occasion d’un grand déballage des merveilles gardées dans un coin sombre du grenier. Boules en verre soufflées de Viennes, mignardises japonisantes et autres guirlandes lumineuses furent descendues pour habiller le grand sapin qui trônait en majesté devant l’escalier. Comme trop souvent, à chaque Noël, les deux jumelles furent chargées d’en assurer les décorations. Lassées à force d’habitude et malheureuses de n’avoir pu aller acquérir quelques nouveautés rue Saint-honoré chez Astier de Villate, elles hésitèrent un instant à manifester leur mécontentement. Quand soudain, l’une d’elle eut une meilleure idée, si on ne pouvait acheter de nouvelles boules fantaisistes décorées à la main, alors on improviserait un grand casse dans les penderies de madame leur grand-mère.

L’entreprise ne fut pas aisée tant il y avait de sacs à dormir d’ennui dans le noir. Des Chanel, Fendi, Prada et Louis Vuitton furent déposés au pied de l’arbre de Noël, formant comme une grande nativité luxueuse et hors de prix. N’étaient-ils pas mieux ainsi suspendu aux branches du sapin ?